Contexte
En fixant un objectif de 5,2 à 6,2 GW pour l’éolien en mer posé et flottant d’ici 2028 (Décret n°2020‐456 du 21 avril 2020), la programmation pluriannuelle de l’énergie (PPE) précise l’ambition de la France en matière de développement des énergies marines renouvelables (EMR). Pour atteindre cette cible, le calendrier prévisionnel prévoit même des appels d’offres annuels de l’ordre de 1000 MW par an entre 2020 et 2028. Cette ambition avait déjà été affirmée dans la Stratégie nationale pour la mer et le littoral (2017) dont découlent les documents stratégiques de façade (DSF) devant être finalisés en 2021 et valables pour une durée de six ans. Les « cartes des vocations » qui en sont issues sont donc le fruit d’un long processus multi‐partenarial prévoyant des localisations préférentielles pour le développement des EMR. Ces documents forment aujourd’hui l’assise des projets éoliens qui, chacun, font ensuite l’objet de débats publics organisés sous l’égide de la Commission nationale de débat public. Aussi bien lors de l’élaboration des DSF que des débats publics, des verrous apparaissent en termes d’acceptabilité des EMR, notamment s’agissant des enjeux fonciers et paysagers portés par les résidents des bords de mer à proximité des parcs éoliens mais aussi s’agissant des pêches maritimes professionnelles.
Si les pêches maritimes professionnelles demeurent un facteur d’équilibre socio‐économique pour de nombreux territoires côtiers, elles y sont également porteuses d’une forte charge historique, culturelle et identitaire. Le développement des EMR intervient dans un contexte déjà compliqué en raison de facteurs internes (e.g., réglementation des pêches) et externes (e.g., aires marines protégées, Brexit). Or les données disponibles manquent pour évaluer les effets des différentes contraintes spatiales à l’exercice des activités de pêche, en particulier pour la très grande majorité des navires de moins de 12 m (représentant un peu plus des trois‐quarts de la flottille métropolitaine). Aussi, le caractère mobile et variable des pêches en font un objet complexe d’une grande sensibilité aux choix techniques de traitement et de représentation des données.
C’est pourquoi depuis 2020, sept observatoires portés par les représentants des pêcheurs (Comités régionaux et départementaux des pêches) produisent chaque année des données de spatialisation des activités de pêche sur une base déclarative et volontaire, via le GIS VALPENA. Le niveau de couverture des enquêtes avoisine 80% des flottilles en moyenne et, fin 2020, plus de 10 000 enquêtes ont déjà été effectuées. Des indicateurs ont également été développés pour encadrer le traitement des données et 135 études ont été réalisées par les Comités des pêches à l’aide de ces données, dont environ un tiers pour des questions directement en lien avec les EMR.
Dans les années à venir, eu égard à l’ambition traduite par la PPE et aux enjeux pour le secteur des pêches, les besoins pour ce type de données vont assurément continuer de se renforcer.
Ruptures scientifiques et innovation
Le projet Data-Map piloté par le laboratoire LETG
Afin de sécuriser et de soutenir un développement des EMR attentif aux enjeux des pêches maritimes, et ainsi de lever le verrou liés aux réticences du secteur des pêches, il apparaît donc nécessaire d’engager un travail de fond dans quatre directions :
- développer la capacité de traitement des données « pêches »,
- analyser les modes de représentation cartographique des données « pêche»,
- défricher la question du cumul des mesures de restriction spatiale qui s’imposent aux pêches et
- enrichir la cartographie par la prise en compte de variables qualitatives.
- Comprendre le dynamisme spatial des pêches
Il existe de nombreuses sources de données traitant des pêches. Parmi ce panel éclectique de données, deux sources de données ont été choisies et afin d’étudier le dynamisme spatial des pêches : les données VALPENA et les données VMS.
Les données spatialisées des activités de Pêche VALPENA, un projet d’éVALuation des Pratiques de pEches au regard des Nouvelles Activités portées par les représentants des pêcheurs, sont produites chaque année sur une base déclarative et volontaire. Les données satellitaires proviennent du système VMS (Vessel monitoring system) et sont issues d’un système de surveillance des navires.
Ainsi, DATA-MAP vise à combiner des données enquêtes (VALPENA) et des données satellitaires (VMS), dans l’objectif de représenter finement les zones de pêches.
Cependant, les deux sources de données possèdent chacune des limites, qu’il convient de comprendre avant de combiner. Par exemple, les données VMS ne prennent en compte que les bateaux de plus de douze mètres (sauf certains cas particuliers), ce qui ne concerne qu’une partie de la flotte française métropolitaine. D’autre part, les données VALPENA, étant des données d’enquêtes, peuvent contenir des incertitudes. Ces deux types de données peuvent donc se compléter sur plusieurs points, ce qui nous permettrait d’obtenir des cartographies de pêches illustrant de façon plus réaliste le dynamisme des pêches.
- Analyser les modes de représentation cartographique des données « pêches »
Avant de représenter la combinaison des deux types de données, nous réaliserons un état de l’art des méthodes de représentation des pêches. Cet état de l’art devrait faire l’inventaire des méthodes de représentations existantes sur les pêches.
Ainsi, l’étude critique des méthodes de représentations existantes (cartographie) et des différents types de données (SIG), nous permettra de développer une réflexion et une méthodologie. En effet, si les méthodes de représentations des pêches sont aujourd’hui limitées, chaque cartographie entretien un objectif différent, qui détermine le jeu de données et les métriques utilisées.
A l’aide de ces observations critiques, nous développerons une méthode de représentation que nous testerons, dans le but de représenter les pêches le plus fidèlement possible, selon les objectifs fixés.
- Création de scénarios
En prenant en compte l’échelle, les deux types de données et leur temporalité, l’objectif est de construire des hypothèses cartographiques représentant les relations entre la pêche et les EMR. En l’appui sur les différentes phases de vie des EMR (construction, exploitation et démantèlement), la représentation des scénarios sera adaptée, pour montrer les effets spécifiques de chaque phase de vie EMR et son rapport aux pêches.
Impact technique et économique attendu
Les résultats du projet Data‐Map permettront de consolider la séquence « Eviter‐Réduire‐Compenser » (ERC), notamment de renforcer l’analyse des impacts socio‐économiques.
Dates clés du projet
- Septembre 2021 - Démarrage du projet
- Octobre 2024 - Fin du projet