Contexte
Pour la première fois, le secteur des énergies marines a fait l’objet d’une publication du baromètre EurObserv’ER, le « Baromètre des énergies océaniques 2019 ». Une puissance installée de 243,4 MW d’énergies océaniques a été officiellement enregistrée dans l’UE fin 2018.
Le baromètre des énergies océaniques réalisé en 2019 couvre cinq familles de technologies: marémotrices, hydroliennes, houlomoteurs, énergie thermique des mers (ETM) et gradient de salinité.
Depuis 1998, le baromètre EurObserv’ER mesure les progrès réalisés par les énergies renouvelables dans chaque secteur et dans chaque État membre de l’Union européenne avec les informations les plus à jour possible (chiffres de moins de 12 mois). EurObserv’ER produit une série d’indicateurs chiffrés couvrant les dimensions énergétiques, technologiques et économiques.
Chiffres clés de l’année 2018
- 243,4 MW Puissance installée en énergies océaniques officiellement enregistrée dans l’UE fin 2018
- 3678,5 kW Puissance des projets et prototypes hydroliens déployés dans l’UE en 2018
- 444,2 kW Puissance des projets et prototypes houlomoteurs déployés dans l’UE en 2018
Plus de 263MW de puissance installée à fin 2018
La puissance installée des dispositifs d’énergies océaniques dans l’Union européenne est estimée officiellement à 243,4 MW en 2018 (voir tableau ci-dessous).
Cependant, les organismes officiels n’ont pas inclus dans les statistiques les prototypes et les démonstrateurs pré-commerciaux qui fonctionnaient en 2018. Ces prototypes sont souvent testés sur des périodes relativement courtes (1-2 ans) puis désinstallés une fois leur programme de test terminé.
Le baromètre EurObserv’ER comprend une liste plus complète basée sur des projets et prototypes hydroliens et houlomoteurs actifs en 2018 tels que rapportés par Ocean Energy Europe et quelques autres projets et prototypes utilisant les technologies marémotrices, ETM et gradient de salinité. Sur la base de ce périmètre plus large, la puissance installée des projets d’énergies océaniques en service en 2018 atteint 263,4 MW.
Le Royaume-Uni et la France soutenus par les pays côtiers de l’UE, dotés d’une solide chaîne d’approvisionnement
Un aperçu des projets phares en énergies océaniques est fourni pays par pays, avec un accent particulier sur les projets en France (La Rance, Sabella D10, Hydroquest Ocean) et au Royaume-Uni (MeyGen, Magallanes Renovables, Orbital marine Power).
Bien que les autres pays européens soient moins actifs sur les projets de démonstration, la chaîne d’approvisionnement pour le secteur des énergies océaniques est toujours très active en Espagne, au Portugal, en Italie, en Suède, au Danemark, en Belgique, aux Pays-Bas, en Irlande et en Grèce. Les développeurs de technologies et les fournisseurs de solutions n’hésitent pas à exporter leurs compétences hors de leurs propres eaux territoriales.
Un objectif de LCoE de 150 €/MWh en 2025 identifié par le SET Plan
A ce stade amont de développement, les coûts des énergies océaniques sont très dépendants du site, de la profondeur, de la puissance installée,… et varient beaucoup d’un projet à l’autre. Par conséquent, il est délicat de se positionner sur des coûts de référence pour l’hydrolien ou le houlomoteur. Néanmoins, des estimations d’environ 340 à 380 €/MWh basées sur les projets pilotes hydroliens en 2018 ont été faites par le Joint Research Center (JRC) de la Commission européenne. Une baisse encourageante de 40% a été observée par rapport au LCoE de 600 €/MWh estimé en 2015.
Une forte réduction des coûts reste nécessaire pour commercialiser les technologies d’ici 2025 et 2030, comme mentionné dans le Strategic Energy Technology Plan (SET Plan) publié par la Commission européenne en mars 2018. Les objectifs de LCoE pour l’hydrolien et le houlomoteur ont été quantifiés et visent 150 €/MWh en 2025 et 100 €/MWh en 2030, à mesure que la puissance installée des projets augmentera.
Le crowdfunding pour lever des fonds et impliquer le grand public
La mobilisation de capitaux pour des projets d’énergies océaniques peut s’avérer difficile compte tenu des investissements initiaux nécessaires, des potentiels longs délais de procédures et des incertitudes techniques dues aux retours d’expérience limités des projets d’énergies océaniques installés en mer.
Comme pour d’autres secteurs des énergies renouvelables, des campagnes de financement participatif ont été mises en place afin de lever des fonds pour des projets d’énergies océaniques. Le rapport complet fournit quelques exemples de campagnes de crowdfunding réussies, levant plusieurs millions d’euros pour des travaux de R&D et projets de démonstration (Seabased, Orbital Marine Power, etc.).
Au delà d’un apport de fonds, le financement participatif est également un moyen d’assurer une implication et un soutien plus étroits du grand public, réduisant ainsi les risques de recours lors de la phase de développement du projet.
3 scénarios de déploiement pour les énergies océaniques en 2030
Les objectifs de déploiement des énergies océaniques pour 2020, tels que définis en 2010 par les plans d’action nationaux pour les énergies renouvelables (NREAP), étaient largement optimistes avec plus de 2 250MW de puissance installée attendue par rapport aux ~250MW réalisés. Il est donc nécessaire d’ajuster avec soin la trajectoire de croissance de la puissance installée en énergies océaniques à 2030 .
La Commission européenne a publié en mai 2018 une prévision mise à jour comprenant trois scénarios de croissance jusqu’à 2030 concernant la puissance installée en énergies océaniques à l’échelle mondiale et européenne.
Les objectifs européens de puissance installée en énergies océaniques pour les 3 scénarios sont:
- scénario optimiste: 3 400 MW
- scénario intermédiaire: 2 300MW
- scénario pessimiste: 900MW