WEAMEC : Vous êtes doctorant de l’Université de Nantes au sein du Laboratoire GeM sur le projet WEAMEC CEAUCOMP, pouvez nous décrire en quelques mots ce projet de recherche ?

Quentin Dezulier : Le projet CEAUCOMP porte sur l’étude du Couplage existant entre la diffusion d’EAU et le comportement mécanique de matériaux COMPosites. Ce projet est porté par WEAMEC, soutenu par la CARENE de Saint Nazaire en France, et bénéficie d’un support de l’Office Naval Research (ONR) aux Etats-Unis. D’un point de vue académique, il réunit l’Institut de Recherche en Génie Civil et Mécanique (Université de Nantes / Centrales Nantes) et l’Ifremer.

Ce projet vise à mieux comprendre la durabilité de matériaux composites utilisés en milieu marin notamment pour les EMR, qui sont soumis à des chargements mécaniques continus et à un environnement agressif (eau/air humide), comme les pâles d’éoliennes ou d’hydroliennes par exemple.

Dans ce cadre, un volet expérimental a été mené pour mettre en évidence ce couplage hygromécanique. Des bancs d’essais de fluage (chargement mécanique continu) en immersion ont été développés, pour comprendre comment se déforment les matériaux d’études avec un chargement mécanique avec ou sans présence d’eau.

Parallèlement, des modèles numériques ont été développés pour comprendre l’impact de ce couplage hygromécanique à long terme. Plus précisément, ces modèles permettent de prendre en compte l’effet d’un vieillissement humide sur les propriétés élastiques et viscoélastiques des matériaux d’études.

Quelles sont vos activités de recherche dans le cadre de ce projet ?

Encadré par une équipe d’enseignant chercheur & professeurs et en collaboration avec une équipe de techniciens, mes activités de recherche portent sur:

– Une compréhension de la diffusion d’eau des matériaux (résine époxy et composites carbone/époxy, verre/époxy) et de son impact sur les propriétés physico-chimiques de ceux-ci.

– L’étude du comportement mécanique à différents stades de vieillissement (1 mois, 6 mois, 18 mois.. en milieu humide) de ces matériaux.

– Le développement de bancs d’essais spécifiques dits in situ, où l’on teste mécaniquement résines et composites en même temps qu’il « vieillissent », pendant plusieurs mois.

– Des simulations numériques par éléments finis, qui permettent de reproduire les essais mentionnés ci-dessus en prenant en compte l’évolution des propriétés hygro-viscoélastiques en accord avec le vieillissement.

Comment en êtes-vous venu à travailler sur cette thématique ? Quel est votre parcours ?

Issu d’un double diplôme Cursus de Master en Ingénierie (CMI) et d’un Master en Science et Génie des Matériaux à l’Université de La Rochelle, j’ai eu l’opportunité d’effectuer mon stage de fin d’étude à l’Institut de Recherche en Génie Civil et Mécanique (GeM) avec Pascal Casari. Ce stage portait sur l’étude du vieillissement en milieu marin de matériaux composites utilisés pour les pales d’hydroliennes. J’ai lors de ce stage pu découvrir le GeM et ses activités de recherche qui m’ont tout de suite plu.

Ce stage a débouché par un contrat d’ingénieur d’études chez Capacités SAS, filiale privée de l’Université de Nantes, où j’ai pu continuer et diversifier mes activités de recherche (développement d’essais de fatigue, mise en œuvre de composites, collaboration avec des entreprises ligériennes: Meca, IRT Jules Verne, Bureau Veritas, GE, Chantiers de l’Atlantique..).

Enfin à la fin de mon contrat, j’ai eu l’opportunité de postuler pour cette thèse qui s’inscrivait dans la continuité de mes travaux de recherche au GeM, et qui réunissait l’aspect « matériaux » sur lequel j’ai été formé mais également sur l’aspect environnement marin et EMR, que j’ai pu découvrir ces dernières années en Loire-Atlantique.

Vous venez de recevoir le 3ème prix de la meilleure présentation des doctorants lors des 22èmes Journées Nationales sur les Composites. Pouvez-vous nous en dire plus sur ce prix et le sujet de votre présentation primée ?

Les Journées Nationales sur les Composites (JNC), représentent un passage quasi-obligatoire pour les doctorants travaillant dans ce domaine. J’ai eu l’occasion d’y assister en 2019, sans toutefois y participer. Participer à une conférence, c’est d’abord l’occasion de présenter à la communauté scientifique ses propres travaux de recherche, mais également d’échanger et de se créer un réseau professionnel. Lorsque j’ai appris que les JNC22 étaient en ligne, j’étais donc déçu pour être honnête. Cependant, le format choisi par l’équipe organisatrice (Federica Daghia notamment) a tout de même permis des échanges constructifs et je les en félicite.

Recevoir ce prix, quand on est doctorant dans le domaine des composites, c’est un réel plaisir. Dans un contexte où les échanges scientifiques avaient fortement diminué, pouvoir à nouveau présenter ses travaux et avoir un retour favorable de la communauté scientifique, c’est forcément agréable et cela permet d’aborder la dernière année de thèse avec plus de confiance.

Quelles sont vos perspectives et ambitions après l’obtention de votre thèse ? Continuerez vous à travailler dans le domaine des EMR ?

Pour l’instant, ma vision est toujours focalisée sur la fin de mon contrat et la production d’un document scientifique le plus complet possible. Toutefois, j’ai eu l’occasion de réfléchir à la suite durant mes travaux de recherche et j’aimerais continuer ma carrière dans l’ingénierie des composites en R&D. Le domaine des EMR est en effet celui que je favorise car c’est celui dans lequel j’ai pu évoluer. Par ailleurs, je suis persuadé que nous sommes dans une période charnière pour ces technologies et notamment en Pays de Loire & Bretagne où des projets à grande échelle voient le jour. Dans ce cadre, je commence à prospecter des entreprises et compte me lancer vraiment dans des processus de recrutement à la fin de mon contrat avec pour horizon 2022 comme le début d’une nouvelle aventure.